Derrière ses lunettes noires

Publié le 15 Octobre 2013

Derrière ses lunettes noires

Derrière ses lunettes noires, son air un peu sévère, ses costumes trois pièces, ses heures passées à son bureau (peut-être à faire un peu la sieste), sa machine à écrire so vintage, son fauteuil club en cuir tout élimé (qui trône aujourd'hui dans mon salon), ses boîtes de clous et vis à n'en plus finir et sa voiture rutilante bien au chaud dans le garage, se cachait mon grand-père.

Un grand-père old-school, austère. Pas un papy gâteau qui aurait fait sauter ses petits-enfants sur ses genoux. Mais néanmoins un papy plein d'humour, avec un côté pince-sans-rire que nous aurons mis du temps à apprécier, nous, les cousins.

A table, je me souviens que c'était la guerre pour ne pas s'asseoir à ses côtés (vu qu'il piquait à chaque fois notre pain ou notre couteau et que nous étions trop impressionnés pour lui demander de nous le rendre), c'est donc ma petite sœur, la benjamine de la bande, qui s'y collait à chaque fois.

Mais avec le recul, je me suis aperçue que sous ses abords impressionnants, c'était un homme résolument moderne sous bien des aspects. A une époque où les femmes n'avaient pas encore brûlé leurs soutien-gorges, mon grand-père, lui, a élevé ses deux filles "comme des garçons" en les poussant à faire des études, à être indépendantes (des valeurs qui me semblent aujourd'hui évidentes, mais que je lui dois certainement un peu). Il mettait également (un peu) la main à la tâche à la maison, en essuyant la vaisselle et en coordonnant les jours de lessive (si, si, un peu maniaque vous croyez?). Et il portait quotidiennement Doc Marten's et Wayfarer à une époque où Anna Wintour était en culottes courtes (un vrai Hipster ce papy). Ce qui lui a d'ailleurs valu le surnom de Papy Ray-ban.

Ce n'est finalement qu'à la fin du lycée que j'ai vraiment appris à le découvrir, à voir un peu plus loin que ces fameuses lunettes. En tête à tête, il m'a parlé de sa jeunesse, de la guerre, de ses parents, de sa Vienne natale, de ses études, de sa rencontre avec ma grand-mère et ce sont bien évidemment des moments que je chéris encore aujourd'hui.

Parce qu'aujourd'hui, il aurait eu 100 ans, bien qu'il nous ai quittés il y a déjà 10 ans. J'ai donc une grosse pensée pour lui et si je me concentre un peu, j'arrive encore à entendre son sifflotement légendaire. Où que tu sois mon papy, je t'embrasse tendrement ♥

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Rédigé par AnneSoA

Publié dans #Journal

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